Faire monter ses collaborateurs en compétences, améliorer leur bien-être, optimiser la performance et déployer la stratégie business de l’entreprise… Qu’on se le dise, être manager est lourd de responsabilités. Et à en croire les sondages et le nombre d'arrêts de travail pour motif psychologique chez les managers (2 à 5 points au-dessus de la moyenne depuis 2018 selon le dernier baromètre de Malakoff Humanis), le métier ne fait plus rêver.
Dans le fond, quoi de surprenant ? Nombreuses sont les organisations à mettre le paquet pour améliorer l’expérience collaborateur et à prendre soin des salariés. Si ces initiatives sont les bienvenues, qui prend soin pendant ce temps des managers ?
Pourquoi est-il important de prendre soin des managers ? Et comment faire ? On vous explique.
Ne dit-on pas que pour prendre soin des autres, il faut d’abord prendre soin de soi ? Alors pourquoi en serait-il autrement au sein de l’entreprise ? Car n’oublions pas que les enjeux pour les organisations sont de taille. En effet, les talents (et en particulier les 25-35 ans) sont de plus en plus exigeants vis-à-vis des entreprises et de leurs managers comme le révèlent plusieurs études :
Pour 94% des salariés, la santé mentale est plus importante que le travail (étude LiveCareer de 2022)
Dans 50% des cas, les salariés quittent une entreprise à cause de leur manager (étude Gallup 2019).
Or, comment être à l’écoute des collaborateurs quand le manager n’est lui-même pas à son écoute ? Comment gérer un conflit entre salariés quand le N+1 n’a pas l’énergie et les armes pour gérer ses propres émotions ? Comment bien accueillir une nouvelle recrue en étant sous l’eau ?
Vous l’aurez compris : une bonne expérience collaborateur ne peut se faire sans une bonne expérience manager ! Pour prendre soin de vos N+1, il est indispensable de leur apporter du soutien, des outils et un accompagnement. Ce n’est qu’à cette condition qu’ils réussiront pleinement dans leur rôle de manager.
Alors, comment procéder ? Voici quelques bonnes pratiques.
Vous venez de recruter un nouveau manager ? Un collaborateur vient d’être promu responsable d’équipe ? Que le recrutement soit externe ou interne, le parcours d’intégration doit être soigné. Car même si le manager nouvellement promu connaît votre culture d’entreprise, il va devoir l’appréhender et l’appliquer non plus en tant que collaborateur, mais en tant que N+1.
Dans votre parcours d’intégration, prévoyez un focus sur la culture d’entreprise. Concrètement quelle est la stratégie business ? Comment la déployer et la communiquer auprès des équipes ? Bien appréhender la culture d’entreprise permet d’alléger la charge mentale du manager. C’est donc un moyen de lui éviter une vague de stress inutile, des interrogations à gogo et des déconvenues !
Aussi, ne lui mettez pas la pression des objectifs dès les premiers jours. Donnez-lui le temps pour apprendre à connaître son équipe. Quelle est la dynamique du groupe ? Comment les collaborateurs interagissent-ils entre eux ? Existent-ils des tensions ? Comment s’intégrer et faire accepter sa nouvelle casquette de manager lorsque les membres de l’équipe sont ses ex-collègues ? Ce temps d’apprivoisement est indispensable à la bonne santé mentale des managers.
Si les écoles en management apportent un regard théorique sur le métier de manager, une fois jeté dans le grand bain, la réalité est bien différente. La raison ? Chaque entreprise, chaque contexte et chaque personnalité sont singuliers. Par exemple, un manager qui rejoint une organisation en pleine restructuration ne vivra pas les mêmes challenges qu’un manager qui intègre un service dont l’objectif est d’atteindre de nouveaux marchés à l’international.
Or, faute d’accompagnement et de savoir-être adéquats, les managers avancent par essai/erreur avec la peur d’échouer et de mal faire. Pour réduire la pression des managers et leur donner les armes pour réussir, pas de secret : il faut les accompagner à développer leurs soft skills managériales.
L’intelligence émotionnelle. C’est savoir être attentif à ses émotions et les identifier pour prendre de meilleures décisions et poser des limites quand c’est nécessaire (ex : savoir dire non).
La communication. Le relationnel est au cœur de la fonction managériale. À ce titre, le manager doit être capable d’adapter sa communication en fonction de son interlocuteur, prendre la parole en public, faire passer un message distinctement. Car lorsque la communication est fluide, les consignes et instructions sont bien comprises.
La confiance en soi. Comment être un bon leader sans confiance en soi ? Croire en ses capacités à réussir en tant que manager soulage la charge mentale et permet d’appréhender l’avenir avec sérénité.
Aujourd'hui, il existe plusieurs manières de développer les soft skills managériales.
Tout d’abord, via les formations soft skills et les formations managers. Pour faire le bon choix, renseignez-vous sur les formateurs et leurs parcours ainsi que sur la méthodologie proposée par l’organisme de formation. L’idéal étant de choisir une formation qui propose des exercices pratiques, des études de cas concrets pour coller au maximum à la réalité terrain des managers.
Autre option : le coaching des managers. Cet accompagnement one to one est personnalisé. Autrement dit, le manager arrive avec la situation qu’il vit, ses difficultés, ses émotions et challenges du moment. Le coach professionnel l’aide à identifier et à développer les soft skills nécessaires pour atteindre ses objectifs.
Vos managers ont suivi une formation ou un coaching pour gérer leurs émotions et développer leurs soft skills ? Pour consolider leurs apprentissages, maintenir leur motivation et prendre soin d’eux, pourquoi ne pas les inviter à partager leurs expériences ?
Se réunir régulièrement entre pairs pour échanger et partager des expériences est une excellente façon de trouver du soutien moral et de l’aide. Ces "réunions" sont précieuses pour relâcher la pression et échapper à la solitude.
En clair, les échanges entre pairs permettent aux managers de trouver de la bienveillance et de réaliser qu’ils ne sont pas les seuls à traverser des moments de doute. Ce serait dommage de les priver, n’est-ce pas ?
Pour faire leurs preuves, certains managers s’investissent outre mesure dans leur fonction. Le droit à la déconnexion ? Ils ne l’appliquent pas et n’hésitent pas à consulter leur messagerie professionnelle, à rester au bureau et à travailler les jours off. Jusqu’au jour où l’épuisement pointe le bout de son nez !
Et si vous « légifériez » pour éviter ces situations ? Par exemple, coupez l’accès aux serveurs de l’entreprise et aux messageries professionnelles à partir d’une certaine heure. Une solution radicale qui a le mérite d’être efficace !
Aussi, montrer l’exemple en sensibilisant les managers aux enjeux de santé liés à l’équilibre vie pro/vie perso en faisant intervenir la médecine du travail et des psychologues. Autre piste intéressante : prendre en charge financièrement ou mettre en place des ateliers de méditation de pleine conscience, des cours de yoga et de sport pour inciter les managers à rester en bonne santé.
Pour conclure, les managers sont les traits d’union entre la direction et les collaborateurs et ont à ce titre de lourdes responsabilités. Prendre soin d’eux n’est donc pas une option, c’est une nécessité !
